Ma belle amie Mylène...
Elégante et raffinée.
Le goût sûr.
Et l’intelligence aigüe des êtres, de la vie, des mots... Parler d’elle en l’écrivant me semblait une gageure insupportable. Et puis, mon envie qu’elle lise aussi comment je l’aime a été la plus forte. Et j’ai dit oui...
article paru dans le journal du salon du livre en mai 2006.
“Aimeriez-vous écrire un article pour le Journal du Salon du Livre ? me demande Suzanne Jamet. Je réponds timidement… oui… bien sûr j’adore écrire… Je regrette tout de suite mon arrogance. C’est prétentieux peut-être, cette certitude… Oui, j’aimerais beaucoup écrire un article. (Le conditionnel va la rassurer, c’est certain…) Y-a-t-il un sujet qui vous inspire particulièrement ? Heu… ai-je le choix ? Oui, dit Suzanne, par exemple, la littérature et la musique. Tout le monde pense Mozart en ce moment et j’ai peur qu’elle me propose Wolfgang. Je voudrais écrire Mylène Farmer, je dis sans attendre. L’asymptote la fait sourire. Mais pas l’idée, qu’elle trouve formidable. Saurez-vous écrire le mystère ?
Qu’est-ce que la mort, quel est le sens de la vie ? Le prodige aux allures de page se débat dans cette quête insatiable, une alternance d’inquiétude et de paisible luminosité, une sérénité insatisfaite. Mylène Farmer… c’est mon Mozart à moi, je décide.
Aussi noble, faisant le service d’honneur au langage, et n’en finissant pas de le pourfendre, le mettant sans cesse à mal pour mieux en tirer le substantifique amour. En musique avec ça.
Flux de taille, un feu de failles, du pareil au blême, la vie s’acide de dynamite, j’entends l’absence d’eux, son Q.I. moi, me rend coi,
Les mots se croisent, s’entrecroisent, s’amusent et se chevauchent, en gammes agiles qui deviennent autant d’arias, de ballades et de variations.
Toujours sur le même thème, l’autre, vous, moi, nous. La vie.
Marie est martyre, les lâchetés familières nous rendent guerrières, vivre est ce qu’il y a de plus rare au monde, tu sais le temps qu’il faut pour apaiser nos peines, réussir sa vie quand d’autres l’ont meurtrie, même si comprendre ne guérit pas… C’est sûr… Mylène Farmer n’aurait presque pas besoin de chanter parce que la musique, c’est déjà ce qu’elle écrit et quand elle le dit, on a parfois peur de ne pas tout entendre, d’oublier les vérités si troublantes qu’elle pleure devant nous sans honte parce que l’émotion des gens fait chanceler son coeur et la bouscule aussi,
Et c’est trop tard, les mots nous rentrent dans la tête et n’en sortiront pas de sitôt, on voudrait se souvenir de tout,
Redonne-moi l’autre bout de moi, mon inquiétude d’amour cache une envie de bonheur, j’ai dans mon autre moi un désir d’aimer comme un bouclier, j’attends que le coeur l’emporte, j’attends tout…
Mylène va au fond de son âme pour en tirer des cris de joie et de douleur, dont elle fait une harmonie, comme une définition du désir qu’elle communique à la ronde.
On sort de ses concerts l’intelligence chavirée,
Avec un besoin de toucher des mains, des envies de prendre dans les bras,
Ca vous remue profond, longtemps après, on chante avec elle,
Et dans le silence,
On l’entend encore.”
Journal du salon du livre - 9 Mars 2006 -